Quel accompagnement pour les étudiants en situation de handicap et en particulier les aspies ?

Le cadre de l'éducation inclusive a été posé à travers plusieurs lois, règlements, mais aussi des chartes signées par les conférences d'établissements d'enseignement supérieur. 

L'éducation inclusive s'inscrit dans un processus historique.

• Autrefois, l'accompagnement des personnes en situation de handicap se faisant dans le cadre d'établissements spécialisés, en-dehors du cadre commun de la scolarité des jeunes. 

• A la fin du 20ème siècle, les conceptions ont évolué pour considérer que la place des personnes en situation de handicap est avec leurs pairs.

La Déclaration de Salamanque sur les principes, les politiques et les pratiques en matière de besoins éducatifs spéciaux a été approuvée en 1994 par 92 pays. Elle donne un cadre à l'éducation inclusive :

« Nous croyons et proclamons que :

• Chaque enfant a un droit fondamental à l'éducation, et doit avoir la possibilité d'atteindre et de maintenir un niveau d'apprentissage acceptable,

• Chaque enfant a des caractéristiques, des intérêts, des capacités et des besoins d'apprentissage qui lui sont propres,

• Les systèmes éducatifs doivent être conçus et les programmes éducatifs mis en œuvre pour tenir compte de la grande diversité de ces caractéristiques et de ces besoins,

• Les personnes ayant des besoins éducatifs spéciaux doivent avoir accès aux écoles ordinaires qui doivent les accueillir dans le cadre d'une pédagogie centrée sur l'enfant et capable de répondre à ces besoins,

• Les écoles ordinaires ayant cette orientation inclusive sont le moyen le plus efficace de lutter contre les attitudes discriminatoires, de créer des communautés accueillantes, de construire une société inclusive et d'atteindre l'éducation pour tous ; en outre, elles offrent une éducation efficace à la majorité des enfants et améliorent l'efficacité et, en définitive, la rentabilité de l'ensemble du système éducatif. »

Dans le cadre conceptuel de l'éducation inclusive, on ne met pas les personnes en situation de handicap à part (ségrégation), on ne leur fait pas porter toute la charge de l'adaptation (intégration), mais on adapte leur environnement pour leur permettre d'avoir les mêmes possibilités de réussite que les autres. 

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Article 20 de la loi du 11 février 2005 La loi du 11 février 2005 oblige les établissements d’enseignement supérieur à accueillir  les étudiants en situation de handicap : « les établissements d’enseignement supérieur inscrivent les étudiants handicapés… et assurent leur formation en mettant en œuvre les aménagements nécessaires à leur situation dans l’organisation, le déroulement et l’accompagnement de leurs études »

Elle confie aux SIUMPPS (Service Inter Universitaire de Médecine Préventive et de Promotion de la Santé)  et aux SUMPPS (Service Universitaire de Médecine Préventive et de Promotion de la Santé) un rôle dans le suivi des étudiants en situation de handicap.

Ils fixent le droit à une véritable information par un accès à la communication électronique: les services de communication publique en ligne des services de l’État, des collectivités territoriales et des établissements publics qui en dépendent doivent être accessibles aux personnes handicapées. L’accessibilité concerne l’accès à tout type d’information sous forme numérique quels que soient le moyen d’accès, les contenus et le mode de consultation. Ce qui se traduit, pour l’Université, par l’obligation de rendre l’information tant administrative que pédagogique accessible aux étudiants, par tout moyen, notamment électronique.

Les chartes signées par la CPU (Conférence des Présidents d'Université) et la CGE ( Conférence des Grandes Ecoles) viennent renforcer les engagements

• La charte université-handicap signée en 2007 a créé une dynamique permettant d'accélérer la mise en œuvre de la loi n° 2005-102 du 11 février 2005 pour l'égalité des droits et des chances, la participation et la citoyenneté des personnes handicapées. Une autre charte a été signée en 2012 pour poursuivre l’action. 

• Les universités se sont aussi dotées d’outils , de guides pour accompagner les étudiants, de « missions handicap » et de personnels qui  sont sensibilisés ou formés.

• Les grandes écoles ont suivi le même cheminement et accueillent aujourd'hui de plus en plus d’étudiants en situation de handicap.

L'université de Toulouse et le rectorat de Toulouse organisent des événements annuels :

• Salon Infosup

• conférence sur les études supérieures et le handicap, dans une université

Voir https://etudessuperieuresethandicap.univ-tlse2.fr/

Dispositif créé à l'Université Toulouse 3 Paul Sabatier en 2013, animé depuis la création par Fabyenne Borloz.

Objectifs :

• Préparer et accompagner les ESH vers l'insertion professionnelle

• Constituer, consolider et animer le réseau handicap : partenariats & entreprises, secteur public et privé

• Mettre en place des actions en faveur de l’insertion professionnelle des ESH et de l’emploi des Personnes en Situation de Handicap

Actions :

• Préparation et accompagnement personnalisés, individuels et collectifs vers l'insertion professionnelle

  • Rdv individuel

  • CV, lettre, aide au contacts avec les entreprises

  • Construction du projet professionnel

  • Aide au dossier MDPH

• Création de situations favorables au recrutement

  • Préparation de l’arrivée en stage/alternance

  • Accompagnement dans l’entreprise

• Formation et sensibilisation au handicap et à l’inclusion des PSH en entreprise.

Bilan :

• 2021-22 : 101 étudiants dans le dispositif, tous handicaps confondus

• 40 partenaires entreprises et institutions publiques

Sans prise en compte des particularités autistiques, les personnes autistes ont :

• un taux d'accès à l'enseignement supérieur qui chute par rapport au secondaire

• un taux de succès dans le supérieur inférieur aux attentes

• des difficultés importantes dans l'accès à l'emploi

• des carrières souvent plus limitées s'il n'y a pas de prise en compte de l'autisme

La situation s'améliore fortement quand :

• on connaît l'autisme et on comprend son impact

• on reconnaît que les personnes autistes ont des particularités qui ne sont ni négatives ni positives

• il n'y a pas de normalité : chacun est porteur de différences, à des niveaux très variés

• on se place dans une démarche inclusive 

Bonne nouvelle : quand on agit dans une démarche inclusive, on améliore la situation pour tous

Hyper ou hypo sensorialité dans les diverses modalités : ouïe, vue, toucher, goût, odorat, sens de l’équilibre, sens de la douleur, conscience de son corps dans l’espace

• Surcharges sensorielles empêchant la concentration, stress

• Difficultés de localisation dans l’espace

• Réactions inhabituelles à des éléments environnementaux

• Fatigabilité

• Un niveau de langage parfois décalé

• Difficulté à initier et entretenir des relations sociales et des échanges

• Difficulté de compréhension :

  • des sarcasmes et de l’ironie,

  • de la métaphore...

  • de l’implicite

  • interprétation à la lettre des expressions

• Difficulté pour lire et comprendre les expressions faciales et la communication non-verbale

• Communication «sans filtre», directe

• Regard fixe ou fuyant

• Intérêt intense pour un ou plusieurs sujets en général très précis

• Adhésion à des routines, difficultés face aux changements, à l’imprévu

• Intérêts spécifiques : un levier de motivation et d’investissement important

• Difficultés dans l’organisation :

  • séquençage des tâches

  • planification

• Perséverance /procrastination

• Difficultés pour :

  • contrôle de la performance, feed-back

  • inhibition des réponses inappropriées

• Difficulté de maintien de l’attention

• Difficultés dans la compréhension des situations, notamment sociales, pour :

  • mettre en relation des éléments du contexte pour créer du sens

  • se mettre à la place des autres : comprendre les intentions, les désirs, les émotions des autres

• Difficultés de compréhension des personnes :

  • comprendre les intentions

  • comprendre «automatiquement» ce que ressentent les autres

• L'autisme est une « autre intelligence » (Mottron)

• Situation idéale : rencontre pendant l'hiver précédant l'entrée à l'université

• Décrocheurs : identifier les éléments de motivation

• Organisation d'un entretien d'expression des besoins

• Grande problématique : anticiper les difficultés

• Besoin : travailler en partenariat : avec l'amont (lycée) et les services de l'université (handicap, santé)

  • Amont : si possible, échanger avec l'équipe pédagogique du lycée ou le référent de scolarité

  • Université : Aspie-Friendly intervient avec le service handicap, en complément, pas à la place

• Rédiger l'accord de participation au projet : divulgation des éléments essentiels concernant l'étudiant, y compris le fait d'être autiste

• Envisager les questions matérielles : logement, restauration

• Planifier l’accompagnement social

  • Définition du besoin d’accompagnement (coach, psy…)

  • Recherche d’un service

  • Demande de financement

  • Dossier MDPH pour RQTH

• Participation à des actions de préparation à l’entrée à l’université

  • Visite(s) du Campus

  • Participation à un échange avec l’association d’étudiants autistes

  • Participation aux journées de pré-rentrée

  • Suivi du Module  de Méthodologie du Travail Universitaire (MTU)

• Créer une connexion avec les responsables de la formation

• La clé : sensibiliser l'équipe pédagogique

• Faire des aménagements spécifiques, par exemple :

  • Adaptation des sujets pour éviter l'implicite

  • Adaptation du format des évaluations

  • Mise à disposition des supports de cours

  • Possibilité de suivi à distance

  • Aménagement du cursus, remplacement d'UE

  • Projet scientifique

• Utiliser les possibilités de tutorat enseignant et/ou étudiant

• En option : sensibiliser les autres étudiants

• Binômage entre pairs

• Anticiper dès que possible les questions d'insertion professionnelle

• Suivi d'orientation

• Transmettre les infos aux prochaines équipes

• Eviter les ruptures de parcours

Contexte

• Diagnostiqué à 15 ans

• Gros trouble anxieux

• Replié chez lui pendant plusieurs années, aucune relation sociale

• Accompagné par un coach

Transition vers l'université

• Plusieurs entretiens préalables

• Inscrit en DAEU B

• Suivi de la formation à distance

• Etalement de la formation sur deux ans

Accompagnement

• Formation de l'équipe pédagogique

• Relecture et modification des sujets d'examen

• Présence importante du coach

• Chance : grâce au COVID-19, examens à distance

La suite

• Inscription en L1 de math

• Formation suivie à distance

• Puis double licence math-info

• Présence d'un tuteur formé sur l'autisme en plus du coach

• Cette année : poursuite en formation à distance

Contexte

• Diagnostiquée à 15 ans

• Bac S en 2 ans

• Autonomie très faible

Transition vers l'université

• Entretiens dès le mois de février

• Repérage du campus

• Suivi par une étudiante la 1ère semaine de cours

Accompagnement

• Connexion avec le responsable de formation

• Sensibilisation enseignants et étudiants

La suite

• Validation de la L1 de physique

• Après la L2, réorientation en biologie

• Réussite

• Diagnostiquée à 23 ans

• Bac S mention TB

• Prépa : échec

• L3 sciences, « ne comprend pas la moitié des cours »

• Veut faire une école d‘ingénieurs : y est parvenue

Ce qui a été fait :

• Long entretien d‘expression des besoins

• Sensibilisation de l'équipe, adaptation des évaluations

• Information à l'équipe du concours

Contexte

• Diagnostiqué à 23 ans pendant son stage d'enseignant

• Grosses difficultés de fonctions exécutives (procrastination, inhibition : dérive vers ses intérêts spécifiques)

• Multi-diplômé

• Souhait de faire de la recherche

• Rencontré lors de son troisième M2 au moment de la recherche de stage

Accompagnement

• Recherche d’un labo pour stage

• Sensibilisation labo

• Recherche contrat doctoral handicap

La suite

• Au bout de deux ans de thèse : mise en place d'un coaching

• Accompagnement sur les questions rédactionnelles

Contexte

• Diagnostiquée à 38 ans

• Titulaire d'une maîtrise, brillante étudiante

• Emploi sous-qualifié, souhait d'évolution soutenu par l'employeur

• Vit à 1h30 de l'université et ne peut déménager (vie de famille)

Transition vers l'université

• Suivie par un coach

• Question de départ : comment faire pour suivre une formation à distance au big data ?

• Sollicitation de l'équipe pédagogique du parcours big data, accord pour la prendre et qu'elle suive à distance

Accompagnement

• Sensibilisation enseignants

• Adaptation pour permettre de suivre à distance avec quelques temps en présentiel

La suite

• 1ère de promo

• M2 validé, va faire un doctorat

• Coaching reste essentiel, grande anxiété et angoisse de performance